
Alors que le gouvernement clamait encore il y a peu que le Maroc ne serait pas touché par la crise, les entreprises exportatrices ont été les premières à subir le contrecoup de la contraction de la demande extérieure. Cette situation met clairement en évidence les lacunes des secteurs exportateurs. Les professionnels préparent-ils des portes de sorties ?
Le plan de relance de l’économie marocaine met clairement en évidence les canaux d’infiltration de la crise internationale au Maroc. C’est notamment par la raréfaction des carnets de commandes des donneurs d’ordres étrangers, que le secteur industriel marocain a souffert. Au Royaume, il ne s’agit d’ailleurs pas d’un plan de relance global comme chez nos voisins européens, mais bien d’un plan de relance sectoriel. Les secteurs industriels principalement touchés par la crise, sont ceux tournés à l’export. Textile et automobile en tête. Cette période de crise soulève les faiblesses de ces secteurs. Au niveau du textile, Mohamed Tazi, de l’Amith, relève un point important, la trop grande dépendance des débouchés des produits marocains sur deux destinations, l’Espagne et la France. «Après une baisse à l’export de 10% en 2008, la période du premier semestre 2009 connaîtra une baisse des exportations de 30%» selon Mohamed Tamer, président de l’Amith. Quant au secteur automobile, les chiffres sont loin d’être plus rassurants. Mohamed Ouzif de l’Amica table sur «une prévision de baisse des exportations de 30 à 40% selon les entreprises». Face à cette constatation, il est légitime de se poser la question, y a-t-il une véritable politique exportatrice au Maroc ? Nezha Lahrichi président directeur général de la Société marocaine d’aide à l’exportation, met en évidence un consensus, «la sortie de crise viendra des pays émergents». A eux de savoir saisir les opportunités. Profiter de la crise pour rebondir Pour prendre des décisions, il faut d’abord voir clair. Certes, la visibilité actuelle des secteurs industriels à l’export est faible, les entrepreneurs restent suspendus au plan de relance des pays étrangers et dans une autre mesure à ceux du Royaume. Mais dans ce contexte, pas un pays n’est épargné. Afin de contrecarrer les effets de la crise et prévoir une porte de sortie, il faut agir dès maintenant. Le Maroc n’est pas l’un des pays les moins chers, mais grâce à son positionnement dans le pourtour méditerranéen, il a indéniablement une carte à jouer. D’après un responsable du Centre marocain de promotion des exportations, «la crise pourrait être amplifiée par la concurrence des autres pays du pourtour méditerranéen. Au Maroc d’être plus agressif». La Smaex et le Cmpe se sont engagés à être plus actifs auprès des entreprises qui souhaitent se promouvoir à l’export sur de nouvelles destinations en couvrant les risques. Nezha Lahrichi a d’ailleurs annoncé une future convention entre l’Amith et la Smaex pour réduire les délais de paiements. «Il n’est pas question de rater une prospection à cause des lenteurs de crédits» précise t-elle. Ne plus se centrer sur deux principales destinations est l’un des enjeux majeurs des entreprises exportatrices du textile et de l’automobile. D’un autre côté, les secteurs exportateurs doivent passer d’une sous-traitance à un produit fini. Afin d’être plus forts, les professionnels voient la nécessité de proposer des produits dégageant plus de valeur ajoutée. Quant au textile plus précisément, Mohamed Tazi affirme que «le secteur souffre d’un gros problème d’offre. Un des points à développer serait les marchés de niches». Enfin, les secteurs à l’export ont relevé un point tout aussi important : les barrières douanières. Faciliter les procédures à l’export et baisser les tarifs douaniers des intrants, permettraient aux entreprises exportatrices de prendre une bonne bouffée d’air pur. Nous ne sommes qu’au début de la crise, c’est dès maintenant qu’il faut agir pour sortir demain avec une longueur d’avance.
source : La Gazette Du Maroc